Moncayo : si je montais tout là haut ?

Un sommet qui intrigue…

Le Moncayo est le point culminant de la chaine de montagne du Système Ibérique. Par temps clair, on l’aperçoit depuis les Pyrénnées, comme une pointe à l’horizon : il fait près de 1000m de plus que ses petits copains alentour, avec une altitude de 2314m. Son sommet est souvent couvert de neige à partir de l’automne et jusqu’à la fin du printemps. Autant dire qu’il attire le regard… et donne énormément envie d’aller lui rendre visite !

Etant finalement arrivée dans le Parc Naturel dont il fait partie, et après une première randonnée plutôt satisfaisante, j’ai décidé qu’il était temps d’aller faire connaissance avec lui.

Je me suis donc préparé un itinéraire depuis le Centro de Interpretation, jusqu’à son sommet, par des sentiers qui semblaient intéressants. Et à la faveur d’une journée plutôt ensoleillée, pas trop venteuse —car les alentours semble très ventés, les éoliennes se comptent littéralement par centaines— j’ai fait mon sac, serré les lacet de mes chaussures et… en avant !

En l’absence de VTT, c’est en randonnée que j’allais dire bonjour à ce mastodonte. Une randonnée de quelques 20km, avec 1500 mètres de dénivelé positif (et donc négatif, puisque j’allais revenir au point de départ). Il s’agissait pour moi, outre l’envie d’aller voir cette montagne si intriguante de plus près, d’un challenge sportif : jamais je n’avais eu l’occasion de me frotter à un tel dénivelé auparavant.

Jusqu’au col

L’ascension allait se faire en deux étapes : d’abord jusqu’au col de Pasalobos, en passant par un sentier qui suit peu ou prou un barranco. Puis la dernière partie, jusqu’au sommet.

Cette première partie se passe d’abord dans des forêts de feuillus, dégarnis puisque nous sommes en février. J’ai presque l’impression d’être de retour dans les Vosges, ça ne ressemble en rien que forêts de résineux que j’ai pris l’habitude de parcourir. Puis le parcours se corse, en passant dans ou près d’un pierrier. On alterne entre passages pierreux et boisés. Autour des 1600m d’altitude, des restes de neige commencent à se faire réguliers.

La neige, c’est l’une des principales inquiétudes : s’il y en a trop, il peut être fort difficile de suivre les sentiers, sans parler des risques inhérents à un manteau neigeux pas forcément stable. En réalité, la neige a déjà bien fondu : il ne reste que des névés, des plaques de neige persistantes qui ne reçoivent pas de soleil à cause du relief. Et elle est… très dure et glissante. Fondue en surface puis regelée la nuit.

La gravir est possible en y mettant un peu du sien, je reste donc confiante. Mais le vent, lui, forcit au fur et à mesure que je m’approche du col, avec des rafales plutôt puissantes. Il y a souvent du vent sur un col, mais là on parle de tempête plus que de vent…

Arrivée au col, j’hésite un instant…

Vers le sommet

Après une petite hésitation, et une petite évaluation de la situation, je décide finalement de tenter le coup malgré tout : il n’y a que peu de neige, et le vent, ma foi, ce n’est que du vent, me dis-je.

Alors j’entame l’ascension des dernières centaines de mètre de dénivéle. Cette dernière partie n’est en fait qu’un immense pierrier; les sentiers sont donc de simples petites traces dans les éboulements. Relativement lisibles, même si parfois je m’égare le temps de quelques épingles. Quelques névés par endroit, mais rien de nature à me décourager.

Tout aurait été pour le mieux, si le vent n’avait pas continué de forcir, et forcir encore. A tel point qu’à quelques centaines de mètres du sommet, je ne tienne plus littéralement debout ! Pour continuer, c’était à 4 pattes…

Je décide alors de jouer la prudence : sur la crête, en bordure de falaise par laquelle passait l’itinéraire, le vent allait être encore plus puissant, et couverte de cette neige dure et glissante. Le juge donc préférable de ne pas prendre le risque de perdre l’équilibre là bas, d’autant que je n’ai ni bâtons ni piolet ou autre matériel adapté.

Dommage, au lieu des 2314m au dessus de la mer du sommet, je rebrousse chemin à un peu plus de 2200m… Si près du but ! Mais il faut savoir renoncer, cela fait partie des options.

Le versant Nord

Je redescends jusqu’au col quelques centaines de mètres en contrebas. La descente s’avère parfois plus délicate que la montée !

J’établis alors un itinéraire de retour, pour éviter de reprendre simplement le même sentier qu’à l’aller. Par chance, un sentier part sur le versant Nord du Moncayo et me permettra de faire une joule boucle.

Ce sentier, comme celui qui menait au sommet, est très rocailleux. On passe très régulièrement dans des pierriers. Et, puisqu’il s’agit du versant Nord, la neige est assez présente. Sans équipement adapté, je me retrouve régulièrement à 4 pattes pour optimiser mes appuis : difficile de planter les chaussures dans cette surface gelée, et la perte d’adhérence signifierait dévaler 50 ou 100m sur ce tobbogan, dans des pentes à 40°, avec de magnifiques blocs rocheux aux arêtes bien marquées à la réception….

Alors j’y vais doucement, très doucement, et encore plus prudemment, en me servant des rares plantes et buissons comme appuis. Je finis par sortir de cette section avec un certain soulagement.

Retour

Finalement le sentier retourne dans le sous-bois, qu’il ne quittera presque plus jusqu’en bas. Mais il reste encore près de 1000m à redescendre, ça ne se fait pas tout seul.

Sur le retour je passe par un restaurant d’altitude ou sont attablés 3 clients, quelques belles falaises…

Rien de technique ou compliqué, ni de vraie surprise à part peut être une petite portion de sentier qui semblait totalement abandonnée. Mais je commence à accuser le dénivelé négatif sur la fin, mes genoux commencent à manifester leur désaccord pour continuer encore.

Heureusement, Marcel n’est plus très loin.

Je suis de retour peu avant la tombée du jour : la randonnée aura duré 7h, pour 21km et 1468m de dénivelé selon l’altimètre barométrique. Je n’aurai donc pas été au sommet… mais cela restera ma randonnée avec le plus de dénivelé positif. Dénivelé que je supporte finalement bien en montée, mais beaucoup moins en descente.

Quant au niveau du Moncayo lui-même, j’avoue être restée un peu sur ma fin : il est tellement gigantesque qu’on ne peut l’embrasser réellement du regard. J’avais la sensation de marcher sur un gigantesque tas de cailloux plus que sur une montagne merveilleuse : cela ne correspond pas à l’image que je m’en faisais en le voyant depuis la plaine. Au final, j’ai trouvé les Peñas de Herrera bien plus impressionnantes, tout comme la multitude de canyons que l’on découvre derrière.

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