Un VTT pour pédaler

Dans l’univers du VTT, on doit trouver un compromis entre deux paramètres antinomiques : la capacité à encaisser des sentiers et des pentes de plus en plus impressionnants d’un côté, et à l’opposé celle de rester efficace au pédalage. Eh oui, à part si l’on ne fait que de la remontée mécanique, avant de descendre, il faut grimper !

Mon vélo d’enduro, Popeye, est certes très efficace à la descente —bien plus que ne sais en encaisser— mais dès qu’il s’agit de pédaler, il n’est d’une efficacité que très relative. Surtout comparé à Rouge, mon vélo de Gravel qui m’a permis de prendre conscience de ce qu’est un vélo « fait pour pédaler ».

Ce nouveau vélo vient donc s’intercaler entre le gravel et le vélo d’enduro. Il s’agit tout naturellement d’un vélos de Cross-Country (XC). Afin de conserver plus des caractéristiques qui pour moi font le VTT, je l’ai choisi tout suspendu.

Le modèle que j’ai retenu(*) est le Sunn Shamann Finest XC, millésime 2021. En résumé il s’agit d’un vélo de Cross Crountry (XC) tout suspendu tout en carbone, affichant 11,6kg prêt à rouler sur ma balance. Les curieux pourront retrouver le bike-check complet sur la page dédiée.

Premières sensations

La première chose qui surprend évidemment c’est son poids : Avec ses 11,65kg prêt à rouler, il n’est pas beaucoup plus lourd que mon Gravel ! Et bien plus léger que Popeye cela va sans dire.

Vient immédiatement après l’angle de fourche plus resserré : le vélo est plus vif dans les virages, au prix d’être moins stable à grande vitesse ou quand ça chahute.

Enfin la troisième chose qui est vite évidente est l’efficacité du blocage des amortisseurs : une fois bloquées, le cadre est quasiment rigide et il n’y a pour ainsi dire plus de pompage, ce qui est excellent pour l’efficacité de pédalage. Une vraie différence avec Popeye !

Tout cela se cumule et fait que le pédalage est radicalement plus efficace ici. On a envie de relancer au pied d’une petite bosse pour conserver la fluidité, là ou on aurait plutôt tendance à anticiper le passage du braquet plus souple auparavant. Même constat les sections de piste en faux-plat, quand ça monte on prend plaisir à appuyer un peu, et quand ça descend on prend immédiatement de la vitesse. Même sur bitume il est possible de maintenir une vitesse tout à fait respectable pour un VTT — bien loin cependant de ce qu’un vélo à l’ADN routier peut permettre, comme un gravel : restons raisonnables !

Evidemment quand la pente plonge réellement, on remarque que l’on n’est pas sur un vélo typé descente. Même s’il est nettement plus sécurisant qu’un gravel, notamment avec une position moins couchée dans la pente, il m’incite à davantage de prudence qu’avec Popeye. Mais ce n’est pas un handicap au vu de mes piètres capacités de pilote : de toutes façons j’étais un escargot en descente.

D’une certaine manière je retrouve des sensations plus proches de celles du Gravel, des capacités de VTT en plus : un vélo que l’on a plaisir à pédaler et qui permet de descendre des chemins et sentiers peu techniques avec bien plus de confiance qu’en vélo rigide et pneus de 40mm (1,08 pouce..). Je n’irai toutefois pas m’enfiler 200km de route/chemins avec, il y a des limites !

C’est pas un peu redondant avec le Gravel ?

Certains ne manqueront pas de me faire remarquer à juste titre que les frontières entre les capacités de ces trois vélos sont floues. Je ne prétends pas le contraire ! Le propos est plutôt de se doter d’un ou plusieurs vélo qui permettent de maximiser la satisfaction selon les types de sorties à faire, et qui permet de garder une certaine sérénité quand ça ne se passe pas exactement comme la carte le laissait croire. Ce qui arrive de temps en temps !

Pour illustrer ceci, voici un petit schéma de mon cru montrant ou il est, selon moi, agréable et satisfaisant d’utiliser chacun de mes vélos. Mais tout ceci est à prendre avec d’énormes pincettes : un chemin à la surface très accidentée et/ou très pentu peut s’avérer plus compliqué à passer qu’un sentier bien lisse et/ou plutôt plat… Et quand c’est à la fois très accidenté et très pentu… je mets pied à terre quoi qu’il arrive !

Adéquation entre chemins et vélos, échelle totalement subjective ! A noter qu’une forte pente, dans un sens ou l’autre, peut dramatiquement changer la donne…

Je pense que les choses parlent d’elles-mêmes, mais au cas ou : en vert, là ou je considère que le vélo est plaisant. En orange, là ou « ça passe » comme on dit, tant que ça ne dure pas trop longtemps. Et en rouge, là ou le plaisir n’y est pas. J’insiste bien sur l’aspect « plaisir », et non « possibilité technique ». Evidemment un VTT d’enduro peut rouler sur l’asphalte, il n’y a rien qui l’en empêche mais on s’y ennuie royalement.

On voit bien que les frontières ne sont pas nettes et se recouvrent. Tout l’enjeu est donc de savoir ce que l’on aime faire, ou l’on aime rouler, et de s’équiper en conséquence pour que les chances de rester dans les zones vertes soient maximales. C’est en tous cas ce que je recherche.

Ma préférence actuelle penche vers une pratique roulante, sans technique de pilotage avancée, sur route, chemins et sentiers. Le Gravel remplissait jusque là cette fonction mais dès que l’on s’aventure en dehors du bitume, c’est la loterie quant aux chemins que l’on peut rencontrer en fonction des régions. Parfois ce seront de magnifiques chemins blancs qui régaleront le gravel, mais bien souvent on se retrouve face à des chemins plus ou moins chaotiques voire défoncés par les engins forestiers et/ou agricoles. Et dans ces cas, avec un vélo rigide, des pneus fins et une position penchée, on atteint très vite la limite du plaisir ! Pour autant quand cela survient après 50km de roulant, il n’est pas raisonnable de penser à Popeye comme un meilleur choix : on serait mort d’ennui et/ou d’épuisement bien avant d’atteindre ladite zone.

C’est donc là que je place ce vélo de XC : un outil qui permet plus de satisfaction quand le terrain devient un peu pourri et que ce n’était pas forcément intentionnel tout en restant agréable quand ça se passe comme prévu.

Et tout ça dans le van ?

J’ai beau commencer à être très calée en optimisation de l’espace dans Marcel, un troisième vélo semble impossible à ranger sans faire appel à un porte-vélo extérieur. Dont je ne veux toujours pas. Très logiquement, l’un des trois devra donc rester à quai dans les prochains temps.

Sans grande surprise, c’est Popeye qui va faire une pause, remplacé par Shamann. Il n’est pour l’heure pas question de le vendre, c’est un vélo que j’apprécie pour ses qualités mais qui ne correspond pas au coeur de ma pratique actuelle. Mais rien ne dit que je n’y reviendrai pas ultérieurement, donc attendra sagement bien à l’abri !

Conclusion

Les premiers tours de roue avec ce Shamann me réjouissent totalement : je retrouve le plaisir du VTT (rouler dans les sentiers flowy sans craindre la première racine en travers, passer les pentes et petits obstacles avec le sourire plutôt que la grimace) tout en gardant le plaisir du couvrir de la distance sans m’épuiser à la première bosse car le vélo se relance beaucoup plus facilement que Popeye. Plus léger certes, mais aussi plus rigide, et tout simplement une autre position sur le vélo sont autant de différences qui procurent une expérience des sentiers encore une fois différente.

Tout cela reste évidemment à confirmer sur la durée, et nous aurons surement l’occasion d’en reparler !

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